Délicate reprise

Après bien des hésitations, l’envie m’a subitement repris cette semaine, et j’ai réinstallé mon labo photo. Pas qu’il ait été démonté, mais il était rangé sous un drap, mis en place pour éviter l’accumulation inutile de poussières sur ledit agrandisseur. Une fois le nettoyage réalisé du poste de travail, les chimies de développement préparées pour m’occuper du lot de pellicules en stock, j’ai eu envie de faire un peu de tirage. J’ai donc préparé les bidons de bain d’arrêt et de fixateur. Je les prépare toujours dans des bidons un peu à l’avance, surtout parce qu’ils me servent plusieurs jours de suite, et qu’après une séance, je remets ces bains dans leurs contenants pour éviter l’oxydation.

Pour finir, j’ai préparé le développeur. Comme d’habitude, j’utilise de l’Eukobrom, et il m’en restait un bidon entamé, dont je ne me souvenais pas de la date de dernière utilisation. Bien que mes souvenirs soient assez vagues à ce sujet, j’avais peu de doute sur le fait qu’ils soit encore utilisable. Mais surprise, le révélateur est marron, et mis à part l’odeur, il ressemble plus au pestilentiel caffénol qu’à du révélateur classique.

Qu’à cela ne tienne, j’ai quand même fait un premier essai avec ce révélateur, car une fois dilué en 1+9, la couleur est bien moins forte, j’ai donc voulu tester son efficacité courante.

Mais force fut de constater que l’Eukobrom est bien mort, totalement oxydé, il n’a plus aucun effet sur du papier exposé (a priori correctement).

Fort heureusement, j’avais acheté d’autres chimies pour le papier, et j’avais voulu tester sur les conseils d’un ami un révélateur « écologique », du Rollei RPN, à utiliser avec la même dilution que l’Eukobrom. Seul changement notable dans l’utilisation de ce révélateur, les temps de révélation, bien plus courts, puisqu’il est annoncé, pour des contrastes « normaux », et avec une dilution 1+9 (il est possible de l’utiliser en 1+4 pour des contrastes accentués, ce qu’il faudra que je teste à l’occasion sur des expositions un peu ternes) un temps de 1 à 2 minutes alors que j’avais l’habitude de révéler mon papier baryté pendant 3 minutes avec l’Eukobrom. Pourquoi 1 à 2 minutes, je ne sais pas, surtout que de mes tests de reprise, l’exposition est bien plus sombre à 2 minutes qu’à une, ce qui parait normal, mais du coup cela accentue le mystère de l’indication du temps. Surtout qu’utilisé à 1+4, le Rollei RPN est donné pour ~1 minute, donc un temps plutôt court. Je n’ai rien noté de significatif à ce sujet sur la bouteille, à voir si je trouve des informations complémentaires sur le site du fabricant.

Une fois les chimies préparées, place à l’installation de l’agrandisseur et des bains.

Si je m’attendais à plus d’hésitation sur la préparation des chimies, c’est avec les gestes sur l’agrandisseur que j’ai mis le plus de temps à reprendre les réflexes : dans quel ordre faire chaque action pour réussir son tirage. Sans compter que j’ai une tête couleur sur mon Focomat V35, il me faut donc régler correctement les niveaux des couleurs pour obtenir les bons équivalents des grades des filtres rouges à appliquer. Ajouter à ça le réglage en hauteur de la colonne, que j’avais mis en position de rangement, le réglage du margeur pour l’adapter au papier, se souvenir des temps de pose en fonction de l’ouverture de l’objectif, ou encore du fait qu’on enlève le grade pour faire le réglage de la mise au point, et à pleine ouverture, ce qui impose de revenir aux bons réglages après mise au point. Oui, tout cela ne parait pas clair à la lecture, mais c’était à peu près mon état d’esprit à ce moment-là : confusion et doute.

J’ai pris au hasard la première pellicule qui sortait de mon classeur (en 135 forcément, puisque le Focomat V35 ne permet que le tirage de ce format), et j’ai choisi un négatif un peu au hasard qui me semblait avoir de la matière et du contraste.

Les premiers essais n’ont pas été très concluants. Je ne parle pas du premier essai avec l’Eukobrom, qui m’a obligé à refaire mon révélateur, mais du premier vrai essai qui m’a donné de la matière à analyser. Entre ouverture mal réglée et le delta de temps trop long entre chaque bout de la bande d’essai, en dehors du premier temps dans lequel il y avait de la matière, tout était trop sombre. J’ai donc du m’y reprendre à plusieurs reprises pour arriver à quelque chose d’intéressant.

Mauvaise surprise : le tirage est grisouille (pour reprendre l’expression du responsable de l’atelier que j’ai fréquenté pendant plusieurs années à Paris Ateliers), c’est à dire un tirage assez plat, sans blanc, peu de noir sombre. J’ai pourtant forcé le grade, passant de 2,5 à 5, mais même à 5, le résultat a été décevant : aucun contraste, beaucoup de gris.

A gauche, la bande d’essai avec les différents temps, très grise, à droite, un bout au même temps, plus que gris. Aucun blanc, peu de noir, un truc plat et sans saveur. Et toutes les bandes d’essai que j’ai pu faire sont ressorties à peu près identiques (Les sortes de « fractales » sur le bord droit de l’image de droite sont apparues le lendemain, mais c’est peut-être pour la simple raison que je n’ai pas fixé les bouts d’essai jusqu’au bout, je les ai tous sortis au bout de 40 secondes seulement)

Pensant que le négatif était peut-être trop plat, j’ai quand même fait un tirage sur un morceau plus conséquent pour essayer de voir ce que pouvait donner la photo. Horreur, cela m’a donné un truc non seulement plat et très grisâtre, mais pire, même les marges ont prise une teinte grise !

Il s’agit ici de papier Foma Variant 111, mon classique, le papier que j’utilise le plus souvent et avec lequel j’ai toujours eu de très bons résultats. Néanmoins, les marges étant grises, sachant qu’elles n’ont pas été exposées à la lumière, j’ai tout de suite pensé que le problème venait de la chimie. Après tout, c’est le seul élément a priori nouveau dans mon processus de tirage, tout le reste est similaire à ma manière de pratiquer d’avant pose.

Pour m’assurer néanmoins que le papier n’est pas en cause, car après tout j’ai pu faire une mauvaise manipulation par mégarde, j’ai aussitôt fait un second essai avec un autre papier, cette fois du Ilford FB Fiber, un grand classique, proche du Foma pour son aspect légèrement brillant. C’est le papier avec lequel j’ai commencé les tirages et j’ai toujours eu de bons résultats. Mais ce second tirage a donné un résultat tout aussi décevant.

Les marges plongées dans le révélateur (les parties blanches étaient émergées car le papier était très incurvé) sont tout aussi grises qu’avec le papier Foma. Et le tirage est tout aussi grisâtre. Intrigué par le problème, j’ai plongé un bout de papier dans le révélateur, papier qui est ressorti aussi gris que les marges.

Je n’ai pas poursuivi, car il y a forcément une anomalie dans mon processus :

  • Je ne mets pas en cause l’agrandisseur et le margeur : a priori, il n’y a aucune chance pour que le papier ait pu être exposé à la lumière de cette manière.
  • Cela peut venir du révélateur, forcément, puisqu’il est nouveau dans le processus, j’ai peut-être fait une mauvaise manipulation. Néanmoins, cela me parait peu probable. Même si la bouteille a plus d’un an, elle a été stockée à l’abri de la lumière, qui plus est, fermée, et je ne l’ai ouverte que pour cette séance de tirage.
  • Cela peut venir de l’éclairage : après réflexion, je me suis rappelé que j’ai depuis quelques mois deux nouvelles lampes inactiniques dans mon labo, deux lampes LED en forme de clé USB qui se branchent sur des batteries externes ou des prises de courant USB. Je n’ai fait aucun test avec ces lampes depuis que je les ai, et si elles sont garanties pour fonctionner avec n’importe quel papier, peut-être qu’il y a un souci, et que cela a impacté le papier quand je l’ai sorti de sa boite. Cependant, à l’oeil nu, j’ai le sentiment qu’elles ont la même couleur que mes 2 autres lampes. Elles sont néanmoins nouvelles dans mon processus, donc rien ne garantit qu’elles ne voilent pas le papier.
  • Enfin, cela vient peut-être du papier. Les deux boites sont ouvertes depuis respectivement 2 ans pour le Foma, 4 ans pour le Ilford. Bien que je mette beaucoup d’attention au stockage et à l’utilisation du papier que je ne manipule qu’en chambre noire, rien ne garantit qu’ils n’ont pas pris la lumière. J’ai quand même un doute, parce que cela m’ait déjà arrivé, et seuls les bords étaient touchés en dehors de la première feuille. Et j’ai bien pris soin d’utiliser des feuilles en milieu de paquet. Ou alors, le papier est trop vieux, mais a priori, s’il est conservé dans des boites bien scellées, et au sec, ce qui est le cas de mon papier, il peut se conserver plusieurs années, voir plusieurs dizaines d’années.

En tout cas, pour le moment, je n’ai aucune piste, il va falloir procéder par étape.

D’abord, je vais racheter une bouteille d’Eukobrom et une boite de papier neuve. Ensuite, je vais refaire les chimies, en tout cas le révélateur, puisqu’on voit à l’œil nu que les marges deviennent grises dans ce premier bain de chimie. Pour comparer, je ferai un bain d’Eukobrom neuf et un bain de Rollei RPN. Evidemment, je ferai les tests avec les différentes lumières allumées ou éteintes, en procédant par ordre chronologique, puisque ma première lampe ne m’a jamais occasionné le

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