Hello darkness, my old friend

Dans un espace boisé et sombre, une voie ferrée traverse la photo vers l'horizon. Au centre de la photo, une trouée de lumière éclaire les arbustes, ce qui permet à deux silhouettes de se détacher dans l'image.

Cela faisait longtemps que je n'étais pas descendu sur la Petite Ceinture. Je ne me souviens pas exactement de quand date ma dernière balade, mais il y a un bon paquet d'années.

Pourtant, je m'y suis baladé à de très nombreuses occasions pendant quelques années, passant même tous mes week-ends libres à l'arpenter avec un ami photographe. Nous "documentions" la moindre parcelle, le moindre recoin, en toutes saisons, à toute heure de la journée, parfois même très tôt pour profiter de la nuit pour nous faufiler dans certaines parties plus exposées. C'était devenu comme une seconde vie, nous étions absorbés tout entier par cette voie ferrée délaissée par son propriétaire. Et puis, ce lieu était emplie de sérénité, c'était un lieu hors du temps, hors du monde, fréquentée par peu de monde, surtout aux premières heures de la journée, et il nous arrivait parfois d'y passer la journée entière sans rencontrer âme qui vive.

Et puis, les entrées illégales ont été fermées les unes après les autres, les parties facilement accessibles ont été "reprises" par la Mairie de Paris qui en a fait des promenades, et la motivation pour l'arpenter s'est évanouie. Outre la légalité de la visite qui a fortement diminué l'attrait du lieu, son environnement avait fortement changé. Les aménagements ont fait disparaitre des éléments visuels essentiels pour rappeler son initiale destination ferroviaire. Et ont mis un terme à la sérénité qui y régnait, la foule est arrivée, et avec elle son lot de "désagrément". Alors nous avons tourné la page, définitivement.

Mais à l'occasion d'un déplacement dans le 15ème arrondissement, je suis passé à proximité d'une des parties aménagées en promenade, qui s'étend de la rue Didot à l'avenue Leclerc où se dresse encore le bâtiment de l'ancienne Gare de Montrouge-Ceinture, transformé au restaurant. Je n'ai su résister à l'envie de descendre, ce tronçon de la Petite Ceinture étant situé en fossé. C'était assurément un lieu d'escapade très apprécié, que nous affectionnions particulièrement, en particulier lors des grosses chaleurs estivales, car nous y trouvions toujours un ilot de fraicheur idéal pour une pause après une bonne journée de marche sur le ballast.

Ce coin a peu changé. Certes, il y a l'aménagement avec l'escalier de la rue Didot qui donne un accès simple à la voie ferrée, mais mis à part le recouvrement de la voie ferrée par des copeaux de bois qui permet une marche facilitée, cette ligne droite n'a pas tellement changé. Au contraire, avec la végétation dense caractéristique de l'été, je retrouve ce que j'aimais tant : cette sensation d'être hors la ville, dans un autre lieu qu'au coeur de la capitale. L'ombre est omniprésente, la fraicheur qui l'accompagne salvatrice.

C'est en ce lieu qu'a été prise la photo ci-dessus. En fin d'après-midi, le soleil est encore un peu haut dans le ciel, et les quelques trouées dans le feuillage qui ombrage la promenade apporte une atmosphère particulière. Au loin, j'ai vu ces silhouettes se détacher en ombre chinoise : une mère et son enfant. La scène m'a plu. Elle était dans la boite.

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